Le Cloud, ce fourre-tout bien pratique

Je remplacerai volontairement tous les mots “Cloud” par “Claude” dans cet article (et tant pis pour le référencement).

 

Sujet facile aujourd’hui, mais qui s’est retrouvé au centre de beaucoup de préoccupations dernièrement, à tel point que je suis allé assister par pure curiosité à la table ronde “Vie privée et Claude” dans le cadre de la cyberlaw:conf à Science Po vendredi dernier.

 

 

 
Ça c’est un cyber héro, qui fait respecter la cyberlaw
 
 

Si la première table ronde “Droits d’auteur, quelles innovations juridiques?” fut particulièrement enrichissante (et fera sans doute l’objet d’un futur article), la seconde regroupant 3 éminents “experts” du Claude fut au contraire terriblement décevante.

 

Deux soporifiques heures de discours menant au constat qu’il faut trouver des moyens juridiques de garantie pour l’entreprise qui migre ses données dans le Claude. Oui parce que vous comprenez, migrer “je sais pas où”, ça comporte des risques! À partir de là, qui endosse la responsabilité des données? Le mec qui a les clés de “je sais pas où”, ou le fou qui les lui confie?

 

Nous passerons sur le fait que les seules problématiques abordées furent celles du Claude en entreprise, car cela représente des enjeux bien plus importants que le Claude personnel (allez chez Google, et “fètepachié”).

 

Zzzzz.

 

Précisons quand même à ce stade ce qu’est le Claude:

Le Claude est un solécisme 100% marketing inventé par des mecs en cravate dans un bureau à Los Angeles quelque part dans les années 2000, et qui désigne des serveurs “distants” (comprenez “auxquels vous n’avez pas accès”), sur lesquelles vous stockez ou traitez des données informatiques.
Concrètement, ça va de vos mails sur Hotmail ®, à vos photos sur Facebook ®.
De manière imagée, c’est un peu comme si votre boulanger s’occupait de la gestion de votre courrier, et votre charcutier du tri de vos photos.

 

Le Claude s’est démocratisé très rapidement grâce à la montée en débit de l’ADSL, qui nous permet aujourd’hui d’accéder presque aussi rapidement à notre Dropbox ® qu’à notre disque dur.

 

La (toute) petite entourloupe avec ce “Claude”, c’est qu’en anglais ça veut dire nuage (sisi), et que les nuages sont absolument immatériels. Ça tombe bien parce que la majorité des gens ne savent pas se figurer matériellement ce que représente des données informatiques. Donc sans explications, lambda-man en aura rien à carrer que sa vie virtuelle se balade sur un nuage.
En l’occurrence dans notre belle société de la propriété, les nuages s’achètent. Et 80% de votre vie qui se balade est sur un nuage de FaceBook ®. o/

 

 

 
 Lambda-man, un super-héro ordinaire
 
 

Donc messieurs les experts, il ne suffira pas d’une table-ronde ou d’un article (collector s’il-vous-plaît), pour nous convaincre du bien fondé de ce concept. Il sera judicieux à l’avenir d’arrêter d’enfumer votre auditoire et d’appeler le Claude par son vrai nom: l’hébergement distant. Et permettez-moi de vous rappeler qu’il existe une solution à tout cela. Concrète, cohérente, et sans couche d’abstraction lyrique: l’auto-hébergement.

 

“Mais vous comprenez, pour les entreprises ça a un coût, une PME n’a pas forcément de quoi se payer un administrateur système!”
Parce que c’est vrai que faire confiance aux brillants ingénieurs de chez Microsoft qui ne prévoient pas les années bissextiles, ça n’a pas de prix (ah ouf, ils remboursent).

 

“Mais vous comprenez, madame Michu (la femme de Claude, NDLR), n’a pas le courage de migrer ses mails d’Hotmail!”
Non mais les gars, si c’est votre ami Crosoft qui vous offre ses belles solutions de Claude bodybuildé, c’est qu’il a une raison. Il est pas en train de vous prêter son poney!
Une jolie citation dont j’ai perdu la provenance nous dit : “Si c’est gratuit, c’est que c’est toi le produit“. En fait c’est toi le poney, et l’ami Crosoft est à califourchon sur ton dos. Le Claude, c’est la selle qui permet à Crosoft de pas tomber, et à ton dos de le supporter (les enfants ne reprenez pas cette image à la maison).

 

 

L’ami Crosoft (avec le chapeau) est dur en affaire.
 
 

Malheureusement , des exemples piochés par-ci, par-là ne suffiront à démonter la mécanique bien huilé de la Claudification. Ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est un argumentaire et des alternatives.

 

L’argumentaire est assez simple: À quel moment souhaite-je confier mes données à une entreprise privée tiers ?
Et bien j’aurais tendance à dire jamais. Pas besoin d’exemple pour cela, demandez-vous quand et ce qu’il est nécessaire de transférer sur un serveur distant hors de votre contrôle. Jamais, et rien.

 

Pourquoi? Qu’y a-t-il de mal à confier tout ça à Google ®? Et bien c’est dangereux. C’est dangereux parce que vous n’avez aucune idée ni préavis de quand le service sera indisponible. C’est dangereux parce vous ne savez pas ce que fait le prestataire de vos données (ah bon? Vous avez lu les CGU?). C’est dangereux parce que ces données pourront être filtrées, et parce que ce n’est pas une entité publique qui les gère, mais une entreprise privée.

 

Si Hotmail ® tombe” ou “si Twitter ® censure ses données par pays“, ou encore “si j’habite dans un pays dans lequel le gouvernement a censuré Facebook ®“, qu’est-ce que je fais ?

 

Toi qui habite en France dans une “démocratie”, qui utilise des tas de réseaux sociaux, et qui n’a rien à cacher: tremble. Car je ne te demande pas de savoir si ta liberté d’expression sur Internet se détériorera, je te demande de savoir quand elle disparaîtra.

 

Centraliser le réseaux mène à son contrôle et à sa destruction. Je ne suis pas toujours d’accord avec les dire de monsieur Benjamin Bayart, mais il faut bien avouer que cela fait quelques années qu’il tire la sonnette d’alarme. Force est de constater que la table-ronde de vendredi semblait parfaitement inoffensive en comparaison.

 

Mais alors qu’utiliser pour se passer de ces fournisseurs de service Claude ?

C’est actuellement la question qui fâche, car se passer totalement de Claudes tiers nécessite des compétences en administration de serveur, et une grosse dose de bonne volonté.
Dans le cadre d’une entreprise, cela demande souvent au moins un employé dédié à ce poste.

Ce qu’il vous faut:
– Du matériel, un ordinateur avec un disque dur pour héberger les données
– Du logiciel, un système d’exploitation serveur.
– Des compétences, savoir mettre le logiciel sur le matériel, et ouvrir le matériel à l’Internet.

 

C’est compliqué je vous l’accorde, mais sachez que des alternatives d’auto-hébergement sont en cours d’élaboration, telles que FreedomBox, BeedBox ou Yunohost (j’en oublie). Et qu’il sera bientôt beaucoup plus simple de mettre son propre serveur en place. Je vous invite par ailleurs à y contribuer, car vous y avez tout intérêt, car nous y avons tous intérêt.

 

Pour répondre à la table ronde et à leurs solutions Claudesque d’entreprise, je n’ai qu’un seul mot d’ordre: Créez votre Claude privé. Seul.
Le Claude n’est qu’un besoin qu’on essaye de créer.

 

En attendant, faites attention à qui vous confiez vos données, et oubliez l’argument “je n’ai rien à me reprocher”.

 

 

Claudialement,

À la semaine prochaine 🙂

8 réactions au sujet de « Le Cloud, ce fourre-tout bien pratique »

  1. TozZ Réponse

    Le surf de sites en sites réserve parfois d’agréables surprises 🙂

    Pour compléter le sujet, la conférence était surtout destinée aux juristes et aux avocats. Le droit civique n’est pas le mieux représenté au sein de l’établissement où avait lieu la table ronde. Il était prévisible que la discussion soit tournée vers le seul droit des affaires — particulièrement marqué lors de la première discussion, où les droits des créateurs étaient complètement passés sous silence au profit du droit des intermédiaires !

    Le spectacle était autant affligeant qu’amusant lorsque les représentants des grandes groupes industriels intervenaient à tour de rôle pour faire valoir les interêts de leur crémerie respectives !

    Pour aller plus loin, le dossier sur le cloud du dernier MISC reprend — de façon étonnamment proche — la structure de la deuxième conférence.

    PS : l’éditeur de commentaires de 320px*130px est particulièrement atroce !

    • Kload Réponse

      Ouais le site a quelques problème d’ergonomie, même pour la rédaction d’article (à bon entendeur :p), n’empêche que tu peux agrandir les textarea dans tous les navigateurs plus récent qu’IE6 😉

      Et effectivement, la conférence était très orientée droit/juridiction, ça n’empêche pas que ça aurait pu être un peu plus intéressant ^^

      Je me rappelle encore de ce commentaire shitload du mec de Sony France: “C’est étonnant de voir à quel point les gens étalent leur vie privée sur les réseau sociaux, et se plaignent ensuite de ce système qu’ils ont créé”. Damn, shitstoooorm.

      • TozZ Réponse

        Ok pour la textarea extensible !

        Du même intervenant, l’explication de la convergence du numérique et la théorie des « cinq écrans dans l’habitat » valait son pesant de cacahuète ! Ils doivent avoir un sacré mal à vendre leur dernière console portative pour pondre de tels concepts marketing !

        Le canadien n’avait apparemment jamais entendu parler d’Android…

  2. Idleman Réponse

    Bel article pour commencer Kload, mes félicitations :).

    C’est noté pour le champs de commentaires, je m’en occupe dès que j’ai une minute (donc d’ici 2014) 🙂

  3. qwerty Réponse

    Sympa d’avoir mis BeedBox, je suis l’un des contributeurs (enfin, à ma manière).
    Vivement que le claude personnel se démocratise !

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